Alors que nous sommes pleinement rentrés dans l’ère de l’industrie 4.0, symbole d’un monde hyper-connecté, les entreprises doivent conjuguer le plus efficacement possible les enjeux stratégiques et opérationnels. Des objectifs ambitieux mais réalisables si les bons outils sont combinés, à l’image d’un ERP et d’un MES.
« L’industrie 4.0 s’appuie davantage sur la qualité et les délais que sur les coûts au sens large » analyse un expert en processus informatiques industriels et membre du réseau Colibee. Une telle affirmation balaye d’un revers de la main le syndrome de la course au prix que l’industrie – selon les secteurs – connaissait encore il y a peu. Il serait hasardeux d’affirmer que le prix clé-en-main ne compte plus mais les critères d’attractivité ont changé. Il est clair que « la capacité à livrer un projet de qualité dans les meilleurs délais est aujourd’hui critique» poursuit-il. Qui dit qualité dit processus de production réglé au millimètre près. Et pour ce faire, il faut des données de qualité et en grand nombre.
Pour maintenir une forte productivité, certains pans de la production doivent être nécessairement automatisés. Cette exigence de qualité passe alors par l’implémentation d’un MES ou Manufacturing Execution System, qui permet une gestion en temps réel de la production. Les applications dites MES facilitent aussi bien la planification des opérations que la gestion des rapports de production via la collecte de données complètes. Le MES répond autant à des enjeux de qualité que de traçabilité sur toute la chaîne de production. Dans l’industrie actuelle, « ce progiciel est absolument critique pour certains secteurs d’activité comme les industries pharmaceutiques et alimentaires », constate le consultant Colibee à la suite de plusieurs missions effectuées pour des grands groupes de ces secteurs.
L’action d’un MES, aussi importante soit-elle, n’est pas totalement efficace sans l’apport d’un ERP (Enterprise Resource Planning), au rôle plus central et stratégique. Bien connu dans l’industrie depuis plusieurs décennies maintenant, il assure des fonctions touchant à la comptabilité, aux achats, à la gestion de projets, à la gestion des stocks mais également à la gestion des risques et de la conformité, entre autres. « Un ERP digne de ce nom inclura un maximum de fonctionnalités » appuie notre expert. Pour autant, il ne peut légitimement tout assurer, tout superviser et c’est la raison pour laquelle il doit déléguer et s’appuyer sur le rôle d’autres outils et notamment du MES, plus complet sur le suivi de la production en temps réel.
On parle alors d’interfaçage entre plusieurs outils et logiciels, pour que chacun s’appuie sur sa spécialité, sans perdre l’essentiel du contrôle sur la production. En outre, dans le cadre de la relation entre ERP et MES, l’interfaçage ne doit pas être effectué pour faire remonter toutes les données collectées par le MES. « Les ERP vont s’appuyer sur le MES pour obtenir des informations nécessaires sur certains aspects de la production » analyse notre expert. De fait, il est judicieux de disposer de flux de données paramétrables pour faire remonter, si besoin est, plus de données du MES vers l’ERP. Il ne s’agit là que d’un flux à sens unique pour éviter d’exposer des informations de production sensibles aux risques de cyberattaques.
Dans l’industrie actuelle, la complémentarité de nombreux outils de gestion s’avère essentielle. L’objectif étant de standardiser la production. L’automatiser à certains niveaux et la simplifier quand cela est nécessaire. C’est le travail qu’ont dû réaliser quelques grands groupes des industries pharmaceutiques et alimentaires, que le consultant Colibee a accompagnés. Afin qu’ils puissent s’adapter à de nouvelles normes concernant l’informatisation des lots et gagner ainsi en qualité et en traçabilité. « En suivant certaines good manufacturing practices qui font partie des nouvelles normes plus générales appelées GxP, de plus en plus d’entreprises s’ouvrent à des certifications de qualité » conclue-t-il. Et on sait à quel point la qualité est primordiale dans l’industrie 4.0. Il s’agit là d’un élément à prendre sérieusement en compte au moment de l’implémentation d’un MES ou dans l’évolution de celui-ci. Dans tous les cas, mettre en place de tels dispositifs ne pourra qu’augmenter la productivité à long terme.
Dernièrement, la supply chain a dû tirer plusieurs enseignements afin d’anticiper au mieux les situations exceptionnelles. En réponse à la baisse de la production au sein de bon nombre d’entreprises, la supply chain se doit désormais de cibler et d’analyser les risques au sein de son écosystème afin de mettre en place des solutions digitales à même d’assurer la continuité des processus de production. Une tâche complexe qui nécessite une réorganisation du périmètre humain et l’apport de ressources expérimentées si l’on souhaite entamer les bons projets de transformations.